Comment SFR reconfigure ses 96 datacenters
Tous les opérateurs télécoms sont confrontés aux mêmes questions : répondre aux nouvelles demandes des clients internes, upgrader les datacenters existants, se préparer aux technologies SDN et NFV. Les opérations de rachat qui s'amplifient dans le secteur décuplent le problème.
SFR engage un plan de refonte de ses datacenters. Point de départ de l'opération, la structure même de l'opérateur, issu d'opérations de rachats et de fusions où se sont retrouvées des marques et des sociétés comme Cegetel, AOL, LD Com, Siris, NeufTélécom. Le parc actuel de centres de calcul se compose de structures avec des tailles et des infrastructures réseaux très différentes et en partie obsolètes. « A chaque étape, différents sites se sont ajoutés et ont continué à vivre », souligne Fabrice Cousin (en photo) directeur des datacenters de l'opérateur.
Aujourd'hui, ce parc ne correspond plus exactement aux besoins de l'opérateur pour ses marchés fixes et mobiles. Une situation que rencontrent plusieurs grands opérateurs français, mais SFR a ses caractéristiques propres. Il dénombre 3 700 sites destinés à accueillir des équipements télécoms, des pops aux vrais datacenters. Ces derniers sont définis à partir d'une surface de 500 mètres carrés. Ils sont 96 dans ce cas, représentant plus de 65 000 mètres carrés en tout.
Sur le même sujetAxione Infrastructures réalise le 1er « project bond » européen pour le THDUn nouveau datacenter à Trappes
C'est ce parc hétérogène que l'opérateur va réorganiser. Un plan déroulé de manière pragmatique avec trois options : développement (construction et extension) plutôt en Ile-de-France, rationalisation (fermetures et rapprochements ou bien mise en vente) enfin modernisation et augmentation des capacités. La construction de datacenters de nouvelle génération se fait par extension d'anciens sites. C'est principalement le cas à Trappes en région parisienne où se construit un datacenter modulaire à haute densité, avec cinq fois plus de puissance à la baie avec 15kW contre 3 pour ceux déjà existants. Il présentera aussi de nouvelles normes énergétiques avec du free-cooling.
Ce centre servira les besoins internes des directions informatiques, réseaux et métiers. Il sera ouvert en janvier 2015 et accueillera d'abord les activités services et cloud de SFR Business Team. Ce projet est mené par HP, partenaire historique de SFR, qui est le mandataire chargé du pilotage et de la direction des travaux. Le constructeur est accompagné de Schneider Electric pour les infrastructures techniques et énergétiques et de Cap Ingelec pour la partie construction, aménagements et sécurité physique.
Transférer sans interruption de service
Un deuxième volet, plutôt en régions, permettra à SFR de rationaliser ses espaces. Issus de rachats au fil des années, certains sites se retrouvent à deux ou trois sur une même zone géographique et économique. L'opérateur fermera des centres (une partie date du début des années 2000), en transformera d'autres avec de nouveaux investissements de manière à rationaliser son parc. Opération délicate, fermer un site implique de transférer les équipements sans interruption de services.
La recherche de partenaires industriels est l'autre possibilité avec une opportunité à Marseille où Interxion a sollicité SFR pour acquérir son datacenter. En fait, la structure est vendue, mais SFR reste installé au sein du centre de calcul. Interxion qui veut se développer sur les marchés méditerranéens à partir d'un noeud d'interconnexion à Marseille trouve là un point d'appui. Dernier volet, la modernisation des datacenters, il s'agit de ceux basés dans les grandes capitales régionales, Bordeaux, Rennes, Strasbourg, Vénissieux dans la banlieue lyonnaise (et Courbevoie en région parisienne). Baptisés Netcenter, issus de LDCom ils datent du début des années 2000.
Une quinzaine pourraient être fermés
Le plan de rationalisation des datacenters devrait prendre trois ans. Les chiffres ne sont pas totalement fixés, mais une quinzaine d'entre eux sont susceptibles d'être fermés, un tiers seront « upgradés », un tiers peuvent rester inchangés. Toutefois, le plan est loin d'être seulement axé sur la rationalisation. Il s'accompagne de projets comme le SDN introduit cette année.
Il devrait prendre une nouvel tournure à partir de janvier 2015, non seulement l'opérateur ouvrira son datacenter de nouvelle génération à Trappes mais la fusion avec Numericable et sa branche entreprise Completel entrera dans les faits. Completel compte trois centres de calcul, à Aubervilliers, Val de Rueil et Lyon ainsi qu'une dizaine de centres techniques régionaux reliés par son réseau très haut débit. Le rapprochement des deux structures devient en effet nécessaire. Quels que soient ses choix et ses projets technologiques, SFR reste marqué par les processus de fusions, passés ou en cours.