Cloud Week : 53% des entreprises ont modifié en profondeur leur organisation informatique
Pour sa première édition, la Cloud Week, qui s'est tenue du 6 au 10 juillet dernier, a donné la parole en 5 jours à tous les secteurs du cloud computing, la dernière session étant dédiée aux utilisateurs. Pour les DSI, le cloud est le moyen de retrouver un rôle de pivot dans la transformation digitale de leur entreprise.
Le cloud computing représente près de 15% de la dépense informatique en France devait rappeler Didier Krainc, directeur général d'IDC France. Il est divisé en trois parties : cloud public, cloud privé installé, cloud privé externalisé qui représentent respectivement en 2015 1,7 milliard d'euros (+27%), 710 millions (+19%), 656 millions (+36%). C'est 3,8% de la dépense informatique globale pour le cloud public, 1,6% pour le cloud privé installé, 1,5% pour le cloud privé externalisé.
Derrière ces chiffres, se profile une idée essentielle : la transformation des DSI elles-mêmes. Sous la poussée de la transformation digitale et de son bras armé, le cloud computing, 53% des entreprises ont modifié en profondeur leur organisation informatique, souligne Didier Krainc. 27% la préparent, 22% sont en réflexion. Au détour d'un slide, on trouve même ce chiffre couperet : 37% des entreprises ont changé de DSI pour passer à la transformation digitale !
Un groupe de travail au Cigref
« Avec la transformation digitale, le changement de culture impacte très clairement la DSI », relève Didier Krainc. Le Cigref s'est d'ailleurs saisi du sujet, en créant un groupe de travail qui recense les usages en cours dans les grandes entreprises. Un rapport sera élaboré d'ici la fin de l'année. Olivier Ligneul, à la fois Directeur Technique & Sécurité et RSSI du Groupe EDF, a donné quelques indications sur les échanges au sein de ce groupe de travail qui place au centre l'évolution du DSI. Il devient un broker de services pour les directions métiers qui initient des solutions en SaaS et reste dans son rôle pour le IaaS, où les problématiques réseaux relèvent toujours de son domaine de responsabilité. En dehors du SaaS et du IaaS, Olivier Ligneul et ses collègues voient émerger la possibilité d'utiliser des « conteneurs as a service ».
Un exemple de cette transformation de la DSI et du passage au cloud computing était donné par Jérôme Kevers-Pascalis, DSI et membre du comité exécutif d'UP Group (l'ex Chèque Déjeuner) depuis octobre 2013. Un groupe implanté aujourd'hui dans 17 pays avec près de cinquante filiales. La DSI groupe compte deux activités, l'IT classique et la monétique. Deux fronts pour la DSI, le premier où le groupe a unifié ses systèmes de messagerie en un seul avec Office 365, un autre à ouvrir avec la dématérialisation du titre de paiement, Up Groupe va créer une plate-forme apte à gérer les futures cartes. Le groupe prépare également un projet de BI avec Azure de Microsoft et un éditeur peu connu en France, l'américain Adaptive Insights.
Comment la DSI se transforme
Auparavant, chez UP Group, le SI servait de support aux métiers internes, avec les grands chantiers : CRM, ERP, messagerie. De plus en plus, il est partie intégrante de l'activité, si elle ne fonctionne plus c'est une rupture dans le service rendu au client, d'où les notions de criticité et de fiabilité mises en avant. La DSI se transforme également dans ses structures comme le relève Didier Krainc. Chez Up Group, elle comprend par exemple un département d'orchestration globale et d'optimisation des systèmes, un autre pour la sécurité, un département grands projets, enfin, un service de delivery management, chargé de vérifier si le niveau de service est bien conforme à ce qui est demandé. Ce service impose ses règles aussi bien en interne qu'en externe.
La relation avec les fournisseurs est l'autre volet clé de la transformation de la DSI. « On commence à externaliser une partie de nos infrastructures, note Jérôme Kevers-Pascalis, qui nous coûte cher. Il nous faut un très haut niveau de disponibilité et de SLA avec une grande fluidité de la production». Up Group s'appuie sur IBM pour bâtir un cloud privé sur AS/400 (System i5, mais tout le monde garde l'ancienne dénomination).
Les DSI sont ainsi confrontées à de nouvelles procédures d'engagement vis-à-vis de leurs fournisseurs et hébergeurs. Les contrats, leur nature et leur durée, la facturation, les procédures d'achat, les garanties en matière de sécurité et de qualité des réseaux diffèrent. C'est aussi un moyen pour les DSI de faire valoir en interne leur expertise et de retrouver un rôle pivot.
En photo : Olivier Ligneul, porte-parole du groupe de travail du Cigref sur le cloud computing