Après son changement d'actionnaires, TDF veut renforcer ses investissements télécoms
Epinglée par l'Autorité de la concurrence, dotée de nouveaux actionnaires, TDF poursuit le déploiement de sa stratégie. La société va investir dans son activité historique, la diffusion audiovisuelle, et dans les infrastructures pour les opérateurs télécoms.
Un nouveau groupe d'actionnaires prend le contrôle de TDF (*). Le canadien Brookfield infrastructure group détient 50% des parts pour 1,78 milliards d'euros, trois fonds de pension se partagent l'autre moitié : le néerlandais APG, le canadien PSP, le britannique Arcs. Olivier Huart (en photo), qui conserve la direction générale, évoque des pourparlers avec des investisseurs français qui pourraient détenir jusqu'à 10% du capital. Autre précision, tous les actifs ne sont pas concernés par cette vente, elle exclut les activités allemandes de TDF.
Une fois réglée cette recomposition de son capital, TDF va devoir faire face à deux sujets épineux : le règlement de la dette et la recomposition des offres commerciales. Le groupe (non coté) accuse une dette de 1,4 milliards d'euros, son chiffre d'affaires 2013-2014 s'élevait à 1,16 milliard d'euros. Sur le second point, elle veut faire remonter le poids de l'activité télécoms dans son chiffre d'affaires. Actuellement, la télévision en représente 32%, les télécoms 27%, la radio 22% et le satellite 7%. Télé, radio et satellite existent par l'exploitation des points hauts et d'antennes TDF partout en France, 9 500 en tout (contre 900 en Allemagne). Une activité historique de location.
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A côté, TDF a structuré une activité télécoms. Olivier Huart connaît la partie, puisque c'est un ancien de BT, France Télécom et SFR. Cette activité repose sur la gestion d'un parc d'antennes et de stations de base pour les opérateurs mobiles, le déploiement de réseaux fibre optique (5000 km actuellement) et des datacenters. Ceux-ci sont regroupés sous la marque ProxiCenter. Actuellement au nombre de quatre, Bordeaux Bouliac, Lille Lambersat, Rennes Cesson et Aix-Marseille, ils devraient passer à 12 d'ici 2020. TDF, malgré sa dette, veut investir, dans ses activités audiovisuelles pour suivre les modernisations, par exemple de la télé haute définition, dans les télécoms sur les datacenters et la fibre optique.
La société doit toutefois contrer les accusations d'abus de position dominante. Le 5 février dernier, l'Autorité de la Concurrence a sanctionné TDF à hauteur de 3,5 millions d'euros, mais comme la société avait fait l'objet d'une procédure similaire en 1999, l'Autorité lui inflige un supplément de 20%, ce qui porte l'addition totale à 4,2 millions d'Europe. La société avait remporté neuf marchés attribués par France Télévision pour la diffusion de la TNT dans les territoires d'outre-mer, or, TDF n'avait pas publié les informations techniques et tarifaires relatives à l'accès à ses infrastructures. L'Arcep lui imposait pourtant une obligation de publication d'offres de référence. Elle n'a pas été respectée selon l'Autorité de la concurrence qui conclut : « en retardant, sans motif fondé, la publication de cette offre de référence, TDF a abusé de sa position dominante ».
Un marché verrouillé
Auparavant, la société FPS Tower qui avait racheté 2 000 pylônes de Bouygues Télécom avait déposé plainte contre TDF, devant l'Autorité de la Concurrence, lui reprochant de faire signer aux opérateurs mobiles des contrats supérieurs à dix ans, pour héberger leurs antennes sur ses pylônes. Des pratiques susceptibles de verrouiller le marché selon l'Autorité. TDF s'est depuis engagé à proposer des résiliations anticipées et à limiter la durée de ses contrats.
(*) Issue du démantèlement de l'ORTF en 1995, TDF n'est devenue une SA qu'en 1987, avant de changer souvent d'actionnaires. France Télécom en a fait une filiale en 1991, à partir de 2005, différents fonds d'investissements ont pris le contrôle.