Altitude Telecom croit au Wimax soutenu par les collectivités publiques
Altitude Telecom estime que le développement du WiMax n'est guère possible que grâce à des fonds publics. Les coûts seraient grevés par les tarifs de raccordement pratiqués par France Télécom, tandis que l'Arcep est accusée de mollesse. De plus, les équipementiers tendent à se désengager.
(Source EuroTMT) Compte tenu du faible poids des activités WiMax dans le chiffre d'affaires d'Altitude Telecom (moins de 10 %), Jean-Paul Rivière, le PDG, et David El Fassy, le directeur général délégué, qui vient de présenter les comptes 2008 de l'opérateur, auraient certainement préféré ne pas avoir à répondre à des questions sur la boucle locale radio. D'autant que les deux bilans dressés à six mois d'intervalle par l'Arcep sur les déploiements du WiMax ne sont pas très flatteurs pour Altitude Telecom : en juin 2008, la société n'avait équipé que 212 des 1769 sites qu'elle aurait dû déployer selon les termes de ses licences, et à fin décembre, seulement 58 sites supplémentaires avaient été ouverts. Portant ainsi le taux de sites équipés par rapport aux obligations à 15 % (13 % chez Bolloré Télécom, 26 % pour HDRR France). Le dernier opérateur à s'exprimer sur le WiMax Si la plupart de ses concurrents ont, depuis longtemps, abandonné tout discours public sur le WiMax, ce n'est pourtant pas le cas d'Altitude Telecom : Jean-Paul Rivière s'est lancé dans un vibrant plaidoyer en faveur du WiMax. Rappelant que la norme est aujourd'hui totalement ouverte et les équipements des différents constructeurs parfaitement interopérables, le PDG d'Altitude Telecom a estimé être le bon élève de la classe, en revendiquant actuellement 500 stations déployées. Il est vrai que l'opérateur a accéléré le développement de ses réseaux WiMax grâce au gain de plusieurs contrats de délégation de service public, conclus avec des collectivités territoriales : c'est le cas dans 16 départements. Au point d'ailleurs que dans au moins une région (la Bourgogne), Altitude Telecom délégataire de service public se retrouve ainsi comme concurrent d'Altitude Telecom titulaire d'une licence WiMax. Mais si l'opérateur déploie le réseau pour compte du conseil régional, il ne compte pas exploiter, à ce jour, sa licence, jugeant que la seule possibilité de rentabiliser l'infrastructure est d'être financé sur fonds publics. Ce qui n'a pas fait réagir l'Arcep. En revanche, Jean-Paul Rivière aurait préféré que l'autorité de régulation de la concurrence se montre plus entreprenante sur un autre point : accusant implicitement France Télécom de comportement anticoncurrentiel, il indique que l'opérateur historique applique à ses concurrents un tarif « dix fois plus élevé » pour connecter les stations WiMax que celui qu'il s'applique en interne pour relier les NRA zone d'ombre (un technique qui permet d'équiper les sous-répartiteurs en DSLAM pour augmenter la couverture géographique du DSL en zones rurales). Une situation qui existerait en raison « de la mollesse » de l'Arcep. Jean-Paul Rivière indique avoir saisi les autorités (Arcep, Autorité de la concurrence et tribunaux) pour régler le contentieux. Un sujet qui a donné lieu aussi à une consultation publique lancée par l'Arcep. Le LTE a aujourd'hui pris une longueur d'avance Comptant poursuivre son développement dans le WiMax, Jean-Paul Rivière a aussi précisé qu'il était intéressé par les futures fréquences qui doivent être attribuées vers la fin de l'année : la bande en 2,6 GHz et celles du dividende numérique. Jugeant son groupe comme étant l'un des principaux acteurs de l'aménagement du territoire, il s'estime d'ailleurs bien placé pour remporter un part du gâteau du dividende numérique. Sa seule incertitude porte en fait sur l'avenir du WiMax. Constatant que malgré les avantages de cette technologie (interopérabilité, coûts) de nombreux équipementiers abandonnent le WiMax, il reconnaît que le LTE a aujourd'hui pris une longueur d'avance. Ce qu'il comprend comme la volonté des grands équipementiers à défendre les parts de marché acquises avec le GSM, alors que le WiMax permet d'ouvrir le marché. Altitude ne ressent pas la crise Après une très bonne année 2008 qui a enregistré une croissance de 40 % du chiffre d'affaires une 76 millions d'euros, l'opérateur normand spécialisé sur les entreprises ne prévoit pas de ralentissement significatif en 2009. Malgré la crise économique, Altitude Telecom table sur une progression de 25 % à 95 millions d'euros. Une croissance rentable : l'Ebitda passerait de 13 millions en 2008 à 16 millions cette année, et le résultat net de 4 millions à 4,6 millions. Non seulement les prises de commandes demeurent très bonnes, mais le groupe souligne aussi que les appels d'offre sont nombreux. Altitude Telecom revendique quelque 3 500 clients et 26 000 sites raccordés (notamment par WiMax). L'opérateur est aussi sur le point de racheter une boucle locale fibre optique à Paris (un investissement de moins de 10 millions d'euros) pour proposer à ses clients connectés en radio d'augmenter les débits. Lire aussi : Le Wimax hexagonal en mauvaise posture Le premier réseau WiMax mobile français pourrait être lancé à l'automne La Bourgogne mise sur le WiMax