20 ans à la tête de Cisco : le bilan de John Chambers
Sous la direction de John Chambers, Cisco est passé de 1,2 milliard de dollars de chiffre d'affaires à 47 entre 1995 et 2015. Il l'a fait malgré deux dépressions économiques, celle de la bulle Internet en 2000 et celle de la récession amorcée en 2008.
Vous ne devenez pas l'un des patrons les plus admirés, affichant l'une des plus belles réussites de la Silicon Valley, sans raison. Certes, il y eu quelques faux pas, mais ils sont moins nombreux que les réussites et restent éclipsés par la croissance soutenue de l'entreprise tout au long de ces deux décennies, incarnées par John Chambers (en photo).
Cisco a laissé ses concurrents loin derrière dans les routeurs et les commutateurs. Lui ne fournit pas seulement de l'Ethernet et des infrastructures réseaux IP. Il s'est aventuré dans la voix, la vidéo, les serveurs pour centres de données, les réseaux de stockage et les capteurs, de manière à élargir sa vision et perturber d'autres marchés. Cisco a contribué à accélérer la disparition de Bay Networks, Cabletron Systems et Nortel, et marginalisé d'autres acteurs comme : Extreme Networks, Foundry Networks, Alcatel-Lucent et Avaya. Il a provoqué des mariages forcés, ceux de HP et 3Com, Nortel et Bay, Wellfleet et Synoptics, Dell et Force 10, Extreme et Enterasys, Brocade et Foundry.
Dans le même temps, Cisco a acheté 168 entreprises, a étendu son influence et alimenté sa croissance avec ces acquisitions, la plupart d'entre elles ont été intégrées avec succès. Cisco est devenu n°1 ou 2 dans 16 marchés où il évolue.
Echecs sur le marché grand public
L'un des échecs majeurs de John Chambers est l'entrée sur le marché grand public. Après les acquisitions de Linksys pour les routeurs à domicile ou de Flip pour les enregistreurs vidéo, Cisco s'est finalement résolu à les céder, à un prix inférieur à leur prix d'achat. Apple a battu Flip avec une vidéo hébergée dans le cloud. La plateforme multimédia EOS et le système de vidéoconférence à domicile « umi », ont connu un sort comparable.
Dans le secteur des routeurs, Juniper, Alcatel-Lucent et Huawei ont pris des parts de marchés considérables et viennent contester la position de n°1 détenue par Cisco. Ceux-ci et d'autres évènements ont forcé Cisco à affiner son orientation et ses structures internes. « Cisco est confronté à un grand défi pour l'avenir, celui de l'Internet partout et de la digitalisation des entreprises, des villes et des Etats, ce sera celui de Chuck Robbins et plus celui de John Chambers », note Glenn O'Donnell, vice-président chez Forrester.
Chuck Robbins aura peut-être du mal à retrouver le même panache que John Chambers qui a réussi à faire de Cisco une marque mondiale, évangélisé sur l'Internet, l'IP, leurs bénéfices pour le secteur public et de nombreuses industries. John Chambers étant convaincu avec Internet, IP et Cisco de changer le monde et la vie des gens.