Les éditeurs français veulent faire payer Google pour la republication des articles
Les éditeurs français se sont inspirés du projet de loi en cours d'examen en Allemagne qui obligerait Google à rémunérer les éditeurs de presse.
Les éditeurs de presse français ont relancé les discussions à propos de la non indemnisation par les moteurs de recherche tels Google. Les moteurs de recherche réutilisent les titres et les chapeaux des articles dans les onglets d'actualité sur leurs sites, comme par exemple Google News pour Google.
Selon le Syndicat des éditeurs de la Presse Magazine (SEPM), les discussions visant à concevoir une loi permettant aux éditeurs de facturer les moteurs de recherche sont de retour, alors que le gouvernement allemand vient de donner son aval la semaine dernière à un projet de loi allant dans ce sens.
Le gouvernement allemand a donc soutenu une proposition visant à étendre la protection du droit d'auteur à des extraits d'articles de presse réédités par les moteurs de recherche. Selon la proposition de loi, les éditeurs pourraient être autorisés à facturer aux moteurs de recherche tels que Google la republication des titres et du premier paragraphe des articles.
Le ministre de la Culture allemand, Bernd Naumann, a déclaré la semaine dernière qu'il était inacceptable que Google et les autres moteurs de recherche puissent utiliser gratuitement les articles web des journalistes dans un but commercial.
Les éditeurs de presse français voient le soutien du gouvernement allemand à ce projet de loi comme « une preuve qu'il y a un réel problème entre les producteurs et le filtre présent entre le contenu et les lecteurs » déclare Guillaume Frappat, Chargé de mission affaires économiques et développement numérique du SEPM. « Nous sommes très intéressés par cette initiative » ajoute-t-il. « Nous travaillons pour voir ce qui peut être réalisé dans ce contexte. »
Les éditeurs français vont dans le même sens que leurs homologues allemands, et veulent qu'il y ait un partage des revenus que Google tire de la publicité affichée à cotés de leurs articles. Le titre et le chapeau publiés par Google News sont très souvent suffisants pour satisfaire le lecteur, à tel point que celui-ci ne ressent pas le besoin de cliquer sur le site des journaux a expliqué Guillaume Frappat. A cause de cela, les éditeurs perdent des revenus a-t-il ajouté.
Les propos de la SEPM trouvent un écho dans les déclarations d'Aurélie Filipetti rapportées par Le Monde le 4 septembre 2012. Celle-ci déclarait qu'« il serait normal que [les] moteurs de recherche contribuent à financer la vraie valeur ajoutée produite par les journaux. Le travail éditorial est fait par la presse, pas par ces plateformes qui pourtant en tirent un profit commercial évident. »
Photo : Aurélie Filippetti - Ministre de la Culture et de la Communication (D.R)
La SEPM n'est pas la seule organisation qui souhaite poursuivre les discussions afin de trouver une solution à ce problème affirme Guillaume Frappat. Le Syndicat de la Presse Quotidienne Nationale (SPQN), qui représente les intérêts de l'industrie de la presse, est également intéressé par l'ouverture d'un débat à ce sujet, car les éditeurs de presse pourraient être plus touchés que les magazines explique Guillaume Frappat. Le SPQN avait, en ce sens, proposé aux candidats à l'élection présidentielle la création d'une taxe pour les FAI et les moteurs de recherche afin qu'ils participent au développement de la presse.
Le président du SPQN, Denis Bouchez, n'était pas disponible pour répondre à nos questions. Nathalie Collin, président de l'Association de la presse d'information politique et générale (IPG) n'était pas non plus joignable.
Guillaume Frappat affirme néanmoins que « en général, les éditeurs sont intéressés par toutes les initiatives permettant de remettre ce débat sur la table » avant d'ajouter que la SEPM ne souhaite pas « rompre l'équilibre entre droits d'auteur et innovation. »
Google est considéré comme une grande innovation dans les milieux de l'édition, indique le SEPM, avant d'expliquer que le monde numérique exige beaucoup d'investissements, y compris des éditeurs, mais que l'essentiel reste le contenu. « Nous souhaitons que le système se rende compte que le trafic provient des journaux ou des magazines. »
Les éditeurs et créateurs de travaux artistiques ont l'an passé tenté de mettre en avant des mesures destinées à récupérer une partie des revenus provenant de la publicité des moteurs de recherche rééditant leurs contenus. Ainsi, l'an dernier, un projet de Taxe Google a vu le jour, qui visait à compenser les pertes des industries de la création dues au piratage n'a pas été adopté. La taxe proposée impliquait de demander aux moteurs de recherche possédant une régie publicitaire le montant des recettes qu'ils réalisaient.
Les discussions sur une éventuelle approche propre à la France sont encore à un stade très précoce, mais l'industrie de l'édition souhaite que celles-ci s'accélèrent et aillent plus loin a déclaré Guillaume Frappat.
Google n'a pour l'instant pas réagi aux propos de Guillaume Frappat. La semaine dernière, Kay Oberbeck, porte parole de Google, avait pourtant réagi avec véhémence à la proposition allemande, déclarant que ce projet de loi était une « menace pour la liberté de l'information » et que ce ce projet de loi provoquerait d'importants dégâts à l'économie allemande s'il était voté.